Puissance Molenbeek

Je ne suis pas sportive et j’ai peur des ballons, on peut même parler de phobie. Et pourtant, lorsque je reçois un appel de Zakaria El Bakkali qui m’invite à rejoindre son atelier de photographie et cinéma, je n’hésite pas une seconde. Sa proposition de travailler sur le thème du sport à la Maison des Cultures m’emballe immédiatement. Un grand oui parce que je la connais et la trouve admirable, cette Maison des Cultures. Et je ne pense pas exagérer en écrivant que c’est la plus remuante de Bruxelles.

Molenbeek est une commune de multiples richesses : les jeunes sont partout. C’est aussi une commune foisonnante : la culture est partout. Alors quand on allie le sport et la culture, la magie opère. Ici, point de blasés : les participants avec qui on travaille ont encore cette capacité de se réjouir, de s’étonner et surtout de se poser des questions. Des appareils tombent en panne, un fond de studio se déchire parfois mais pourtant les jeunes sont là, avec un engouement toujours intact. En atteste le nombre de participants qui augmente régulièrement. Zakaria promet que « cette fois c’est le dernier » . Mais la vérité, c’est qu’il n’a pas le cœur à refuser de nouvelles inscriptions. Alors c’est un peu le bordel, les idées fusent, les flashes crépitent, il y a des « waouh, c’est toi qui as fait ça ?! » adressés à leurs camarades. Et puis surtout, il y a les rencontres avec les sportifs. Sakina et Amina, des petites prodiges du foot, Ali le Boxeur, Youssouf le Skater, Charlotte la hockeyeuse. « Il y a du Hockey à Molenbeek, Madame ?! ».

Ces rencontres sont à l’image du sport : elles nous donnent confiance en nous, elles sont inspirantes et challengeantes. Nous, les photographes, nous occupons de la transmission, de faire naître des pépites qui ne demandent qu’à éclore. La photographie, c’est aligner l’œil et le cœur. Mais c’est aussi les accompagner à redécouvrir leur propre réalité, leur commune qui a été si dénigrée et qui pourtant regorge de talents. Le sport renforce la confiance et l’estime de soi, la capacité à rebondir face à l’adversité. Les Molenbeekois en ont besoin, comme tous les jeunes. Ces jeunes-ci ne manquent pas de talent, et c’est un véritable enrichissement pour moi de les aider à l’exprimer.

– Johanna de Tessières